Il est des sujets qui fâchent et ils sont nombreux à cette rentrée. Le premier d’entre eux, et pas des moindres est la réforme injuste des retraites engagée par le gouvernement qui impose un soit-disant sauvetage du système par répartition.
C’est la solution choisie en accord avec le MEDEF et les lobbies financiers, ne tenant compte d’aucune des propositions alternatives des organisations syndicales et refusant d’ailleurs de les entendre et d’engager une concertation.
L’opinion publique ne s’y est pas trompée : une très forte majorité de Français rejette cette réforme et exprime son soutien au mouvement, démontrant que la campagne de propagande du gouvernement n’a pas eu l’effet escompté. La prochaine promulgation de la loi par le chef
de l’état n’entraîne pas, comme certains voudraient le laisser croire, une résignation des salariés français. La colère et le refus sont toujours là et ne sont pas près de s’éteindre, s’ajoutant à d’autres ressentiments.
Mais ce sujet n’est pas le seul, loin de là, à provoquer leur colère. C’est l’ensemble des droits des salariés qui fait les frais des pouvoirs financiers et de la politique du gouvernement. Les droits sociaux ne cessent d’être érodés.
On déconstruit les services publics, jour après jour, mois après mois. Et le budget de la nation, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, n’est pas la seule motivation des démolisseurs.
Il s’agit d’avoir à sa merci des travailleurs qui feront ( à leur détriment mais qu’importe !) augmenter encore les bénéfices des actionnaires et autres profiteurs.
Le pilotage de l’ensemble de notre système éducatif est entièrement soumis à cette double exigence : la décision de supprimer un poste de fonctionnaire sur 2 partant à la retraite, la course à des « économies » tous azimuts puisque le dogme qu’on nous assène est que, comme
tous les autres services publics, l’Éducation Nationale coûte cher.
Dans ce cadre, la politique gouvernementale de restriction drastique des dépenses publiques devient en même temps, depuis de nombreuses années déjà, un outil pour une vaste entreprise de restructuration, de déstructuration devrait-on dire, de l’ensemble du système éducatif sur la base de la mise en concurrence des écoles, des établissements, jusqu’à l’université, comme en témoigne la loi sur l’autonomie des universités, et ses effets dévastateurs, tant sur les usagers que sur les personnels, que nous avions annoncés, en particulier pour la nouvelle formation des maîtres, qui se met en place selon des modalités que nous ne craignons pas de qualifier de « bricolage ».
La FSU souhaite que ce point, la formation initiale des enseignants, soit mis à l’ordre du jour de ce CDEN.
Que dire d’autre qu’il est révoltant de détruire une formation initiale qui, même si elle pouvait être améliorée, faisait néanmoins ses preuves ? De mettre directement en responsabilité devant des classes des débutants sans réelle formation professionnelle.
Dans le second degré, le rectorat a fini par admettre que des débuts à mi-temps seraient moins destructeurs. Mais ça n’a duré que jusqu’à la Toussaint, sans y ajouter de temps de formation, et aujourd’hui nos jeunes collègues se retrouvent avec un temps de service supérieur à celui de leurs aînés qui, eux, ont formation et expérience, et sont, pour le reste de l’année, chargés de cours à temps plein, soit 18h auxquelles il faut bien entendu ajouter la préparation et les corrections… mais aussi 6 heures de formation. Lesquels tiendront à ce rythme-là ?
Et dans le 1er degré ? Des débuts directement en responsabilité ont finalement été évités… mais pour quoi ? Un temps d’observation, d’accompagnement, de 7 semaines, de la rentrée à la Toussaint dans une classe de maître-formateur, du compagnonnage avec deux stagiaires par
classe alors qu’on nous avait annoncé que cela resterait exceptionnel puisqu’il y avait autant de maîtres-formateurs que de stagiaires. Et bien finalement : 19 PEMF pour 36 stagiaires !
Cette période d’observation, même si nous ne remettons pas en cause les compétences de nos collègues maîtres-formateurs, ne fait que reculer l’échéance de la mise en responsabilité des stagiaires devant des élèves, sans une formation digne de ce nom. Car cela ne remplacera pas
une année entière de PE2 à l’IUFM.
Il nous faut aussi dire de la mise en place de ces stages dans les écoles. Alors que le calendrier en est fixé depuis le printemps dernier, il n’y a eu aucune anticipation et tout se fait dans la précipitation. Il aurait été simple de programmer des stages de formation continue, ce qui aurait permis de libérer les classes des titulaires volontaires pour se former. Et bien non !
Au prétexte toujours de restrictions budgétaires, la formation continue a été supprimée l’an dernier et se réduit cette année aux animations pédagogiques et aux stages que l’administration a obligation d’organiser.
Ce stage en responsabilité des Professeurs des Ecoles Stagiaires de 11 semaines aura lieu sur des remplacements longs qui ont commencé avant l’arrivée des PES et continueront après leur départ. D’où une multiplication de remplaçants dans la même classe. Ce dispositif est très mal
vécu par les collègues des écoles, les remplaçants et surtout par les parents.
Certains stages vont aussi se dérouler dans les classes de collègues contactés par les IEN. Sur quelle base, quels critères ? Nul ne le sait. Les informations que nous recevons sont différentes d’une école à une autre, d’une circonscription à une autre : selon le niveau de classe apparemment, par un coup de fil dans les écoles, voire une rencontre fortuite, les IEN ont demandé à certains collègues de « céder » leur classe et de « rester dans l’école » ou à d’autres de « rester chez eux en auto-formation » !
Le fait d’être « dépossédé » de sa classe sans se voir proposer un stage à l’IUFM est un scandale ! Scandale qui s’ajoute à celui des conditions dans lesquelles se mettent en place ces stages : l’administration ne prend même pas la peine d’informer les écoles du changement de remplaçant et elles l’apprennent le plus souvent lorsque le stagiaire appelle pour prendre
contact !
La situation est aussi particulièrement difficile et « inconfortable » pour les PES : préparation du stage et accueil mitigé qu’ils craignent de recevoir dans les écoles.
Quant à la carte scolaire, nous y reviendrons au cours des débats qui vont suivre mais, pour résumer, nous dirons en préalable que nous sommes loin du compte et que les choix politiques faits pour l’Education Nationale, comme le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ne peuvent aller dans le sens d’une meilleure réussite scolaire pour tous les élèves. On ne peut faire mieux avec « moins ». Les effectifs des classes augmentent, les maternelles, les RASED (donc les élèves en grande difficulté) ont déjà commencé à faire les frais de cette réduction drastique.
Les problèmes que connaît notre Enseignement Public Laïque dans le département sont bien entendu au premier chef la résultante de ces choix nationaux.
La délégation de la FSU 22 au CDEN.