Epiméthée président ?
Malgré un Président Macron fier de sa start-up nation et se prenant, du coup, pour Prométhée, cette rentrée est bel et bien marquée par le manque d’anticipation de nos gouvernant·es.
En effet, si Pap Ndiaye se vante d’une rentrée avec un professeur devant chaque classe, la réalité est un manque criant de personnels formés et des postes non pourvus pour lesquels les « job dating » s’enchaînent avec des exigences minimalistes pour les néo recrut·eés.
Comme un mantra, le gouvernement continue à promettre aux enseignant·es 10% de revalorisation sur le quinquennat et, dans un contexte d’épuisement physique et moral des personnels, même 20% pour celles et ceux qui accepteraient des « missions supplémentaires » … ça, c’est de la clairvoyance !
Ces « revalorisations » ne sont même pas suffisantes pour combler les pertes de pouvoir d’achat depuis le gel du point d’indice et le déclassement des métiers de l’enseignement et, plus généralement, de la Fonction publique. C’est 25 % tout de suite et une indexation des traitements sur l’inflation qui permettraient de sortir de l’ornière du manque d’attractivité de nos professions. Ce constat montre, encore une fois, à quel point la gouvernance actuelle est visionnaire…
De même, le GIEC nous alerte depuis trente ans sur les conséquences du changement climatique, les naturalistes nous décrivent les méfaits de la chimie industrielle et de l’agrochimie sur les sols, les écosystèmes, la biodiversité et la santé humaine depuis le début des années soixante, les économistes eux-mêmes ont prévenus de l’épuisement des ressources naturelles et des minerais depuis des décennies…
Comme pour les précédents gouvernements, rattrap·eés par une réalité en train de dépasser les prévisions en terme de destruction de la planète et de dérèglement climatique, nos dirigeant·es restent dans « l’incitation » et l’exhortation sans envisager un seul instant les mesures bien plus radicales nécessaires.
Il n’y aura pas de transition écologique, il y aura une rupture écologique qui sera subie de plein fouet par les plus démuni·es si nous perdons encore cinq ans à cause de l’inaction des pouvoirs publics.
Non seulement nos gouvernant·es transforment le GIEC et les scientifiques en Cassandre mais, en plus, iels se complaisent dans une vénération mortifère de la croissance, persistant dans l’insouciance et la bêtise tel Epiméthée, Titan imprévoyant et imbécile (contrairement à son frère Prométhée).
Au banquet de l’abondance nous savons toutes et tous qui ont été les gagnants et lors de la distribution des restrictions, nous savons toutes et tous qui seront les perdant·es !
Il n’y a pas de progrès social possible et il n’y a pas de politique de santé viable sans une nature préservée et une maîtrise draconienne des prélèvements des ressources naturelles. Cependant, ces efforts indispensables ne seront consentis que s’ils sont justement répartis.